Fondamentaux du ski de compétition
Pilotage des skis en compétition
Le parti pris de ce chapitre est d’aborder les principes de performance à travers la loupe des 3 fondamentaux. Les principes sont des actions motrices de compétition lorsqu’ils concernent l’appui et le glissement et sont plutôt abordés sur le plan tactique lorsqu’on évoque la ligne de course. Ce ne sont pas des recettes mais des outils de réflexion observables chez un grand nombre d’athlètes de haut niveau.
Inclinaison et appuis en ski de compétition
Alignement segmentaire préparatoire (dans la zone directionnelle)
Le déplacement s’effectue avec une recherche de déséquilibre, c’ est-à-dire avec des éloignements du centre de masse des appuis afin de favoriser l’action des forces motrices (équilibre dynamique).
Une étude à laquelle la FFS a participé avec l’université de Tarbes nous a montré qu’il n’ y a pas de relation directe entre le niveau de performance en ski et la capacité à rester en équilibre (centre de masse au-dessus des appuis) … et pour cause: c’est la capacité à gérer le déséquilibre qui prime, même s’il existe des processus de contrôle des deux situations.
La transmission efficace est obtenue au préalable par la mise en tension de la chaîne en alignement (pied extérieur -jambe extérieure, chaîne croisée du tronc- épaule intérieure), qui permet de préparer la mise en torsion de l’ensemble du corps.
Utilisation optimale du matériel (tangage dans la zone directionnelle)
Par les chevilles, pour le cintrage optimal du ski extérieur, les tibias s’appuient sur les languettes pour transmettre une partie des forces (effet de levier sur l’avant)
La position de déséquilibre vers l’avant est majoritaire sur l’ensemble du virage et permet de transformer l’énergie dans la création de la trajectoire en courbe. L’énergie associée à la vitesse est l’énergie cinétique
qui dépend de la masse du skieur mais surtout de sa vitesse.
La position arrière ne correspond pas à l’efficacité d’action sur le contrôle de la combe mais en étant concomitante (remise à plat» des skis, elle permet une faible dissipation d’énergie en diminuant
les forces de contact ski-neige).
Dissociation plurisegmentaire (angulation dans la zone de franchissement de la porte)
Le corps étant articulé suivant plusieurs lignes articulaires, l’inclinaison des différents segments doit être envisagée de manière dissociée, la prise d’angle devant être au service de l’appui autour de la porte.
L’angulation et la rétroversion naturelle du bassin permettent un meilleur appui du tronc sur les éléments osseux du bassin.
Définitions des segments par rapport aux lignes articulaires :
- Les segments sont représentés par la ligne
- Les lignes articulaires de référence sont la ligne des épaules, l’axe du bassin et la ligne des articulations des genoux.
Timing de la prise de carres
Le dynamisme de la prise de catres est un facteur déterminant lorsque le skieur cherche à raccourcir le rayon de la courbe.
Adaptation de l’écart des pieds (sur l’ensemble du virage)
La stabilité est gérée par 1 ‘écart des pieds et permet de réguler les inclinaisons. En fonction de la vitesse et du type de terrain, de la distance verticale et horizontale entre les portes, l’écart des pieds varie pour maintenir le compromis entre stabilité et efficacité des manœuvres de carres et du glissement.
Influences des rotations sur les appuies en ski de compétition
Le corps étant articulé suivant plusieurs lignes articulaires, la rotation des différents segments doit être envisagée de manière dissociée. Une torsion de la chaîne en tension permet d’emmagasiner de l’énergie et renforce la transmission de l’appui .
Exemple d’une torsion dans une zone de franchissement
Pour bien contrôler les transferts de forces entre le haut et le bas, il convient de mettre en place des moyens pour durcir plus ou moins l’articulation qui sépare les deux étages. Il est possible de parler de « raideur » du système. C’est ainsi que les rotations du buste permettent la mise en tension de la ceinture. Les muscles de la paroi abdominale forment un tissage autour de l ‘abdomen. Ce tissage, du fait de la direction des fibres des muscles, est de forme losangique. La mise en rotation en sens inverse des deux bords supérieur et inférieur de ce tissage permet un rapprochement et une mise en tension du système.
La rotation en inclinaison latérale (angulation) permet au buste de prendre appui sur l’os iliaque à la manière d’un bâton qui s’appuie sur le bord d’un seau. Du fait du caractère évasé du bassin (du seau … ), l’appui n’est efficace que sur les bords antéro-latéraux.
Ski de compétition Buste – rachis
Le buste porté par le rachis prend appui sur les épines iliaques pour donner de la roideur {transmission de force) au système de liaison haut du corps-bas du corps, c’est ce qui explique l’intérêt d’utiliser le bras
L ‘avancée du bras extérieur participe à orienter le buste vers un appuis sur le bassin.
Dosage du pivotement dans la zone directionnelle
Le virage dit« coupé>> n’occasionnant pas ou peu de dérapage, il n’est pas toujours la meilleure solution pour obtenir le meilleur « rendement » sur un virage. Selon le tracé, la pente et la vitesse, il convient de savoir utiliser une orientation pivoté des skis afin de transformer le rayon du virage. Dans le cas de la dérive, certains skieurs arrivent à ne pas avoir de dissipation durant l’exécution de cette tactique (par diminution voire suppression des forces de contact ski-neige et en reprenant le contact ski-neige au moment précis où le ski est inscrit dans le nouveau rayon).
Le pivotement est réalisé suite à une action motrice visant à prendre rapidement la direction consécutif à une mise en torsion élastique par anticipation du haut du corps (retour d’ anticipation). Un « mouvement armé sur l’ ensemble de la chaîne de tension » est un mécanisme de pivotement induit par le haut du corps, principalement par gainage en torsion (force interne), permettant de modifier la distribution des masses segmentaires autour de l’axe de rotation.
Timing des membres libres en ski de compétition
Utilisation des membres libres:
L’ouverture ou le regroupement des bras permet d’augmenter ou de diminuer l’énergie de rotation du système et contribue à la fluidité. (Moment d’ inertie, voir chapitre sur la des rotations)
Tonicité de la chaîne musculaire en ski de compétition
La chaîne doit être tournée de manière à permettre au bassin d’avancer vers la pente par rapport à l’appui. C’est un moyen d’emmener le centre de gravité dans la direction souhaitée. Le mouvement de rétroversion du bassin permet la cohésion des éléments osseux et musculaires qui composent la ceinture pelvienne. Les actions réalisées par le buste et les membres supérieurs sont directement transmises. L’orientation du bassin permet la solidarité des appuis par effet de « torsion». Cette orientation a d’ailleurs toute action directe sur l’importance de la fente (écart longitudinal des pieds).
Régime de contraction musculaire adapté aux différents moments du virage
Phase excentrique plus ou moins longue, selon l’appui recherché. Phase isométrique active ou concentrique suivant la longueur de la courbe et le relief. La phase excentrique permet d’absorber la surpression due à l’augmentation soudaine de la prise d’ angle. La phase isométrique ou concentrique permet de trouver le timing approprié de l’appui en fonction des conditions.
Les modes de contraction musculaire en ski de compétition
Les muscles peuvent se contracter de différentes manières.
La contraction isométrique en ski de course
Lorsque le skieur est en recherche de vitesse, ses quadriceps sont contractés, mais l’angle du genou ne change pas; c’est-à-dire que les insertions musculaires (les attaches de chaque côté du muscle), ne s’éloignent pas l’une de l’autre. Il n’y a pas de mouvement dû aux muscles, donc aucun déplacement et donc aucun travail mécanique réalisé.
La contraction concentrique en ski de course
Lorsque le skieur effectue un redressement ou un déploiement, il y a extension au niveau de l’articulation de genoux et donc les insertions du quadriceps se rapprochent.
La contraction excentrique en ski de course
Lorsque le skieur se replie, il peut freiner le travail de la pesanteur. Le quadriceps s’oppose donc à une force qui a tendance à l’allonger, les insertions s’éloignent malgré la contraction.
La contraction pliométrigue en sk ide course
Il s’agit de la succession des modes de contraction précédents. Dans un premier temps le muscle travaille en excentrique, il emmagasine l’énergie puis, pendant le temps très court il n’y a plus de mouvement (c’est une contraction isométrique) et enfin les insertions se rapprochent, l’énergie élastique est restituée. Il s’agit, dans ce cas, du même mode de fonctionnement qu’un élastique ou un ressort. Les muscles sont étirés grâce à une force extérieure et ils reviennent dans leur position initiale en restituant l’énergie élastique accumulée dans la première phase. Quand la force est la gravité, il s’ agit d’une force «gratuite »qui peut être stockée et restituée pour améliorer l’efficacité et/ou l’économie du geste.
Dissociation-indépendance de jambes en ski de course
important de la dissociation de fonctionnement entre jambe extérieure et jambe intérieure, avec mise en tension forte autour du pied extérieur.
Timing « temps fort >>
Temps fort de l’appui autour de la ligne de pente, pour utiliser au mieux l’énergie qu’elle procure et permet d’allonger les phases de relâchement. C’est un repère fondamental à la performance. Le temps fort correspond à un « point bas» (flexion bloquée), moment d’exploitation des pressions pour « virer court ».
Influence des inclinaisons dur le glissement
Relâchement de la dissociation plurisegmentaire après la zone de franchissement de la porte.Alors que les articulations basses vont gérer le dosage de la prise de carres pour optimiser le glissement, le buste va compenser pour une meilleure répartition des forces de contact ski-neige.
Conseils et aides sur la bonne position en ski de compétition et en course
Les segments s’orientent vers un empilement centré qui permet une diminution des tensions musculaires pour une meilleur fluidité quand l’espace entre les 2 portes le permet (comme le laisse entrevoir la photo). Un empilement centré correspond à la recherche pour le skieur, d’un axe moyen perpendiculaire au plan de la neige ou à un retour en position intermédiaire. D’un point de vue physique, la qualité de glisse des skis est dépendante du «coefficient de frottement» ski-neige. Le roulis (inclinaison du ski latéralement) induit par la position du skieur sur ses skis participe à augmenter le coefficient de frottement.
La courbe ci -dessus montre l’évolution du coefficient de frottement au cours d’un virage. La prise de carres correspond à une augmentation marquée du coefficient de frottement (deuxième partie du virage). Timing dans la zone de glissement n’est essentiel que le contrôle du buste, pour la répartition du contact ski-neige, soit coordonné au lâcher de carres pour rechercher plus de fluidité (voir « skier sur des enchaînements fluides }>).
Comment bien réaliser la position du schuss à ski
Ce sont les actions à réaliser pour diminuer les forces de contact avec l’air, en fonction de la discipline. Quelques grands principes comportementaux peuvent être décrits pour optimiser la position de recherche de vitesse en ski alpin.
Schéma {document FFS): représentation des grands principes à respecter pour optimiser le SCx d ‘une position de recherche de vitesse. A gauche, une bonne position ; à droite, une position comportant des caractéristiques de posture à modifier.
L’intensité de la traînée est d’autant plus faible que le skieur adopte une posture ramassée dite « position de recherche de vitesse » pour laquelle :
- le dos est arrondi et horizontal
- les épaules sont bombées
- les membres supérieurs ne débordent pas du contour extérieur du skieur et surtout n’obstruent pas le pont des jambes.
La traînée est une force parallèle à la vitesse, mais de sens opposé: elle freine le skieur. Pour une même vitesse, les variations de la traînée sont principalement dues am’ variations de la section droite du skieur, donc aux ( variation de postures (Watanabe 1977)
Il est important, quand l’objectif d’entraînement est d’optimiser les forces aérodynamiques, de garder une approche plus globale (ou« systémique »)en vérifiant que les autres paramètres ne sont pas détériorés. Ainsi l’amélioration de la position de recherche de vitesse en trace directe peut parfois s’accompagner d’une détérioration de la qualité des appuis. Une étude de la FFS (Tavernier et al, 1992) a montré que l’effet dîi aux appuis peut entraîner une augmentation de 300 % du frottement ski neige. N apparaît que le moment de roulis (inclinaison latérale du pied) induit par la position du skieur sur ses skis est aussi un facteur d’augmentation du coefficient de frottement.
Dissociation jambes-buste dans la zone de changement de carres
L’énergie de rotation est restituée pour optimiser le glissement grâce à la dissociation jambes-buste et la nise en tension de la ceinture abdominale créant un retour élastique (voir« Timing SW’ la gestion du
retour élastique).
Utilisation des membres libres en ski de compétition
Les membres libres contribuent à augmenter ou à réduire 1′ énergie en rotation du mobile articulé constitué par le skieur.
Timing sur la gestion du retour élastique en ski de course
La performance naît du cumul de la réduction des forces de contact et de l’énergie en rotation restitué à tout instant bien précis et évoluant en fonction des paramètres de 1 ‘environnement et du matériel. Beaucoup de mouvements qui impliquent la mise en tension d’un muscle ou d’un groupe musculaire engendrent des contractions de type pliométrique qui permettent l’utilisation d’une énergie élastique potentielle venant des structures élastiques du muscle (cycle étirement-raccourcissement du muscle) Le schéma suivant montre un modèle de fonctionnement du muscle avec ses différentes composantes. Les composantes élastiques séries et parallèles font que le muscle mis en tension par un étirement emmagasine de l’énergie (capacité de« complaisance »)pour éventuellement la restituer (capacité de« raideur ») ou l’amortir (capacité de « dissipation»).
Pour optimiser l’utilisation de l’énergie élastique, il faut respecter quelques conditions (facteurs de performance):
- Le coût énergétique : la rentabilité du système implique que 1 ‘énergie mécanique récupérée après le processus soit supérieure à son coût énergétique lors de son emmagasinement.
- Si un délai trop long existe entre la phase excentrique de la contraction et la phase concentrique de détente, l’énergie potentielle stockée se dissipe en chaleur (dissipation). Plus ce temps de couplage (TC) est court, plus le « rendu» d’énergie sera grand. Le TC dépend également du type de fibres du muscle utilisé.
- Le rendement de l’élasticité musculaire est supérieur dans les mouvements de faible amplitude et de vitesse élevée que dans les mouvements d’amplitude plus importante.
- Si la contrainte mécanique externe est trop grande, l’organisme met en action un mécanisme de protection qui inhibe la contraction et dissipe l’énergie.
Influence de la charge sur le glissement
Empilement centré dans la zone de glissement en ski de compétition
Les segments s’ orientent vers un empilement centré qui permet une diminution des tensions musculaires.
Dissociation-indépendance de jambes en ski de course
Importance de la dissociation de fonctionnement jambe extérieure jambe intérieure qui permet un empilement centré et une des forces de contact.
Régime de contraction muscula ire adapté pour une utilisation optimale du matériel
En fonction de la pente, de la qualité de neige et selon l’effet recherché: renvoi ou étalement, la contraction sera de type excentrique, isométrique ou concentrique suivie d’un relâchement.
Timing (fluidi té-juxtaposition des gestuelles)
C’est le couplage temps fort-relâchement, en fonction des paramètres de neige, de tracé, de vitesse et du matériel qui permettra la performance.